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La parole de…Monica SEMEDO, Vice-Présidente de l’intergroupe handicap du Parlement européen

Interview pour Notaires d'Europe

1) Pouvez-vous nous présenter les activités de l’intergroupe Handicap du Parlement européen ?


L’Intergroupe Handicap (Disability Intergroup) se compose d’eurodéputés de tous les partis politiques du Parlement européen. Notre but est de rendre le sujet du handicap plus visible dans le débat public et de nous assurer que les problématiques qui y sont liées soient prises en compte dans toutes les politiques traitées par le Parlement européen. Nous organisons des débats entre collègues et avec d'autres institutions européennes, nous soumettons des amendements aux rapports et résolutions du Parlement européen, nous rédigeons des questions parlementaires et participons en tant qu'intervenants principaux à des événements européens sur les questions de handicap. Nous avons une réunion tous les 3 mois, mais nous sommes constamment en contact entre membres du Parlement Européen, et avec l’European Disability Forum.


2) Durant la législature 2019-2024, quels sont les grands textes qui ont déjà été votés ou qui seront votés prochainement ?


En tant qu’Intergroupe sur le handicap, nous avons travaillé sur des dossiers d'améliorations et de changements en matière d'accessibilité, de santé, d'égalité, de politiques sociales et de jeunesse, par exemple. Le principal dossier sur lequel nous avons travaillé au cours de ce mandat était la Stratégie européenne en faveur des personnes handicapées 2021-2030. Avec ce plan, la Commission européenne veut assurer que toutes les personnes handicapées puissent jouir de leurs droits et avoir les mêmes chances dans la vie que tout le monde. Entre autres, le droit de libre circulation et de vivre librement dans n'importe quel pays de l'Union européenne, le droit de décider où, comment et avec qui l’on veut vivre, d’avoir le même accès aux soins de santé, à l’éducation et au marché du travail.


Nous commençons maintenant à travailler sur la proposition de la Commission d’une carte européenne du handicap et d’une carte européenne de stationnement pour les personnes handicapées (European Disability Card and Parking Card). Cette proposition facilitera les déplacements des personnes atteintes de handicap. En effet chaque Etat membre devra reconnaître les cartes émises par un autre Etat membre et ils devront assurer le même traitement, le même accès aux services et les mêmes facilités à ses détenteurs qu’aux détenteurs des cartes nationales. Cependant la proposition de la Commission reste limitée aux personnes qui voyagent pour une durée inférieure à 3 mois. Il faut aller plus loin pour que les personnes qui demeurent plus longtemps dans un autre Etat membre, pour différentes raisons, ou qui déménagent dans un autre Etat membre, puissent aussi en bénéficier. C’est un point qu’avec notre Intergroupe, je souhaite améliorer dans le rapport du Parlement.


3) Sur le thème du handicap, est-il plus facile que sur d’autre sujet d’obtenir des accords politiques ou existe-t-il des lignes de clivage significatives ?


En général, et heureusement, sur le sujet du handicap l’approche entre eurodéputés est plutôt de trouver des compromis. Le handicap touche tout le monde, quel que soit le parti ou le pays d'origine, il existe donc un consensus généralement positif lorsqu'il s'agit de propositions.


Il est de notre devoir d'écouter les personnes atteintes d’un handicap, de nous renseigner sur leurs besoins et d’être leur voix au Parlement européen. Par ailleurs, notre Intergroupe agit non seulement comme porte-parole en ce qui concerne les propositions affectant directement les personnes handicapées, mais nous assurons aussi que chaque proposition législative prenne en compte les besoins spécifiques des personnes avec un handicap, respectant leurs droits et garantissant l’inclusion et l’accès équitable dans tous les secteurs.


4) Selon vous, le thème du handicap est-il suffisamment pris en compte dans les travaux du Parlement européen en général ?


Comme je le disais, avec l’Intergroupe, nous avons comme objectif de porter l’attention sur l’accessibilité, les droits et les besoins spécifiques des personnes avec un handicap dans notre travail parlementaire et nous nous efforçons de proposer des amendements en ce sens sur les textes qui peuvent toucher les personnes en situation de handicap, si cet aspect n’est pas suffisamment pris en compte.

Ayant moi-même un handicap visuel, je sais à quel point les effets de telle ou telle mesure peuvent être ignorés par les personnes qui n’ont pas de handicap, ainsi que les efforts à fournir afin de convaincre de l’importance d’une approche inclusive lors de la rédaction de textes parlementaires. Cela se voit dans la vie de tous les jours sur des questions comme l’accessibilité. Le Parlement européen, par exemple, est assez bien adapté aux besoins des personnes ayant des handicaps visibles, comme les personnes en fauteuil roulant. Pour les handicaps non visibles ou non physiques, c‘est plus difficile.


Dans mon cas, j'ai pris mes fonctions en 2019 en tant que personne sans handicap et puis j’en ai développé un, et le Parlement européen a dû s'adapter progressivement à mes besoins. Depuis l'adaptation de la technologie que j'utilise, téléphone, écran d'ordinateur, tablette... jusqu'à l'octroi d'une assistante spéciale qui m’aide à m’orienter pendant les votes, en commissions et en plénière, en me répétant oralement l‘indication de vote, décidée au préalable, pour m'assurer de prendre les bonnes décisions et de ne rien manquer. Je dois dire que je suis très reconnaissante envers le personnel du Parlement européen et la façon dont il répond à mes besoins en tant que députée. Je fais donc de mon mieux pour répondre de manière égale aux besoins des personnes handicapées dans toute l'UE. En tant que politicienne et décideur, je veux apporter ma contribution à une Union Européenne plus équitable et inclusive qui garantit l‘égalité des chances pour chacun.



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